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Attentat du 14-Juillet à Nice: les accusés réaffirment être innocents au procès en appel

Le procès en appel de l'attentat qui a fait 86 morts à Nice le 14 juillet 2016 a débuté ce lundi pour près de deux mois devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Le procès en appel de l'attentat qui a fait 86 morts à Nice le 14 juillet 2016 a débuté ce lundi pour près de deux mois devant la cour d'assises spéciale de Paris. - IAN LANGSDON / AFP

Les deux accusés, les seuls à avoir fait appel parmi les huit personnes condamnées en première instance, ont réaffirmé être innocents, mardi 23 avril devant la cour d'assises spéciale de Paris.

"Je suis innocent." invités mardi 23 avril à prendre la parole au procès en appel de l'attentat de Nice devant la cour d'assises spéciale de Paris, Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud, deux proches du conducteur du camion qui a fauché la foule le 14 juillet 2016 à Nice, tuant 86 personnes, ont répété être étrangers à cette tragédie.

"J'ai fait appel parce que je sais que je suis innocent", dit en arabe le Tunisien Chokri Chafroud, 44 ans, condamné en première instance à 18 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste.

S'exprimant en français, le Franco-Tunisien Mohamed Ghraieb, 48 ans, également condamné à la même peine, soutient "n'avoir rien à voir" avec l'attentat. "Je n'ai rien à me reprocher", insiste-t-il, provoquant quelques soupirs sur les bancs, clairsemés, des parties civiles.

Les deux hommes étaient des proches de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans au caractère instable, qui a délibérément foncé sur la foule rassemblée sur la promenade des Anglais pour assister au feu d'artifice du 14-Juillet au volant d'un camion de 19 tonnes. Il a été neutralisé par la police après avoir causé la mort de 86 personnes dont une quinzaine d'enfants et fait plus de 450 blessés.

"Ma vie est détruite"

Selon l'accusation, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb ont "eu conscience de l'existence du projet d'attaque" de leur compatriote avant que celui-ci ne passe à l'acte.

Quelques jours avant l'attentat, les deux accusés étaient montés à bord du camion loué par leur ami et avaient roulé avec lui sur la promenade des Anglais.

Lisant le rapport de mise en accusation, le président de la cour, Christophe Petiteau rappelle que, selon le parquet, les deux mis en cause avaient "nécessairement perçu" la "radicalisation" de leur ami.

"Je ne suis pas un tueur, je ne suis pas un terroriste ni un violent", s'est défendu Mohamed Ghraieb affirmant avoir été "choqué" par sa condamnation. "Mon cas a été mal compris", dit-il, avant de se plaindre de sa "vie détruite".

Il avait connu Lahouaiej-Bouhlel en Tunisie lorsqu'il était jeune, avant de le retrouver à Nice où il travaillait comme veilleur de nuit dans un hôtel.

L'accusé avait eu de nombreux échanges téléphoniques, 1.278 au total, a rappelé Christophe Petiteau, avec l'assaillant l'année précédant l'attentat.

Le lendemain matin de l'attentat, Mohamed Ghraieb s'était filmé sur la promenade des Anglais "la mine réjouie", selon l'accusation. Le président Petiteau a rappelé que des messages saluant les attentats de janvier 2015 ou des images d'exécutions d'otages en zone irako-syrienne avaient été retrouvés sur son portable et son ordinateur.

"Discours haineux"

Dans son verdict de première instance, la cour d'assises spéciale avait noté une "convergence idéologique" entre Mohamed Ghraieb et l'auteur de l'attentat. Si Mohamed Ghraieb était "soucieux de donner de lui une image lisse et respectueuse des règles et valeurs de la République", il était "enclin à exprimer en privé un soutien aux auteurs d'attentats", avait relevé la cour de première instance.

Chokri Chafroud avait quant à lui connu Mohamed Lahouaiej-Bouhlel en août 2015, à son arrivée irrégulière en France. Il a été identifié rapidement après l'attentat grâce aux photos, échanges téléphoniques et messages sur les réseaux sociaux avec Lahouaiej-Bouhlel.

Juste avant l'attaque, ce dernier lui avait envoyé un message évoquant une livraison d'armes pour "Chokri et ses amis" pour une éventuelle action le 15 août. En avril 2016, a rappelé le président de la cour, Chokri Chafroud avait envoyé un message à Lahouaiej-Bouhlel lui demandant: "remplis le camion avec 2.000 tonnes de fer et nique, coupe lui les freins mon chéri et laisse moi regarder".

Chokri Chafroud avait "un discours haineux contre tous ceux qui étaient mieux lotis que lui", résume le président Petiteau.

Les deux accusés, les seuls à avoir fait appel parmi les huit personnes condamnées en première instance, doivent être entendus sur les faits les 29 et 30 mai. Le procès est prévu jusqu'au 14 juin.

C.L. avec AFP