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Police-Justice

"Violences des mineurs": les magistrats spécialisés expriment leur "surprise" face aux annonces d'Attal

Les deux principaux syndicats de magistrats, l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) et le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) ont déjà exprimé leur préoccupation.

Les magistrats spécialisés dans la justice des mineurs ont exprimé ce lundi 22 avril leur "surprise" face aux annonces du Premier ministre Gabriel Attal pour lutter contre la violence des mineurs.

"Comparution immédiate pour les mineurs de plus de 16 ans, réduction voire suppression de l'atténuation de peine pour minorité... Les praticiens de la justice des enfants et des adolescents ne peuvent cacher leur surprise", a affirmé l'Association française des magistrats de la jeunesse et de la famille (AFMJF) dans un communiqué.

"Pas encore arrivée à pleine maturité"

Créée en 1947, l'AFMJF réunit des juges des enfants, représentants des parquets des mineurs, juges aux affaires familiales, et conseillers chargés des mineurs auprès des cours d'appel. C'est la seule association représentative des juges des enfants.

"Renoncer à l'atténuation de peine pour minorité, notamment pour les plus jeunes, de 13 à 15 ans, c'est nier qu'une personne adolescente n'est pas encore arrivée à pleine maturité", a estimé l'association.

L'AFMJF a également critiqué le fait d'imaginer que "la menace d'emprisonnement sera un levier efficace de prévention de la récidive, alors que toutes les études réalisées sur la désistance démontrent le contraire".

"Prévoir une comparution immédiate pour les jeunes de 16 et 17 ans, c'est les considérer comme majeurs au regard des actes commis et non de leur parcours et de leur évolution", a regretté l'association.

Alors que 2.421 mineurs ont été placés en détention provisoire pour l'ensemble de l'année 2022, "la fermeté sans bienveillance n'est que violence", a estimé l'association.

"Ce n'est pas le projet que nous souhaitons pour notre jeunesse".

"L'addiction à la violence"

En déplacement ce jeudi dans l'Essonne, le Premier ministre a sonné la "mobilisation générale" face à "l'addiction à la violence" d'une partie des adolescents.

Il s'est dit notamment prêt à ouvrir le débat sur des "atténuations à l'excuse de minorité" dans les condamnations pénales, ou à punir les parents pour les infractions commises par leurs enfants.

Les deux principaux syndicats de magistrats, l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) et le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) ont déjà exprimé leur préoccupation.

S.R. avec AFP